Présentation / Presentation

Les cygnes chantent avant de mourir / Swans sing before they die

 

L’ émotion du spectateur est pour Aurélia Zahedi primordiale. Et elle doit avoir plusieurs phases.

Elle tient à une première approche de séduction provoquée par le merveilleux dans l’image première: les fleurs, les couleurs, les paillettes, la lumière… Un second regard révèlera la présence d’un objet central dans son décor. Alors, le regard bascule.

Elle nome ses pièces des «pièges à séduction», ainsi, elle fait basculer le regard du spectateur entre fascination première et dégout soudain.
L’émotion qui naît de ce basculement constitue la troisième phase, la plus complexe, la plus imprévisible. Elle est la quête insatiable de son travail.

Elle joue avec la mort, la déguise, la maquille, la sublime. Elle cherche sa beauté qu’elle met en avant par des artifices, c’ est ainsi qu’elle tente de dévier le macabre que renvoie une charogne. Alors, dans cette jonction qu’elle opère, entre le naturel et l’artificiel, elle cherche une désacralisation de la mort.
Dans ses compositions florales, Bruegel l’Ancien peint des fleurs très ouvertes, trop ouvertes, presque trop mûres. Elle cherche précisément cette limite qui est ce passage entre la beauté de la fleur épanouie et son pourrissement, ce qui voudrait dire être entre la composition florale et la décomposition florale.

Le dégout ne doit jamais prendre le dessus et la beauté doit se salir à peine.
Tenter de contrôler ces limites entre le naturel et l’artificiel, la beauté et le dégoût, la vie et la mort, n’est-ce pas ce que l’homme des sciences Jean Henri fabre nomme «l’heure bleue», le moment où tous les animaux nocturnes vont dormir et tous les animaux diurnes se réveillent. Moment d’espace sublime, espace entre nuit et jour, entre vie et mort.

Dans ces images séductrices, elle cherche à provoquer chez le spectateur l’intuition d’une fin tout en lui rappelant la beauté éphémère qu’est la fragilité du vivant, un Memento Mori sugéré.

Depuis 2016, une grande partie de son travail se concentre sur la Rose de Jéricho, plante nomade et mystique des déserts. Dans cette quête incessante elle fait appel à différents protagonistes et multiplie ses voyages à Jéricho (Palestine). Ainsi, elle convoque un certain nombre de matières et de langages pour réinventer ce végétal poétique, qui dès lors, frôle des questions complexes de croyances et d’incertitudes. 

En 2018, elle co-créer Maison Auriolles à Bias, abri de recherche, de rencontre et d’invention poétique.